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Marilie Bilodeau, chanteuse et conteuse
Par Nathalie Le Coz
29, rue Notre-Dame Ouest à Trois-Pistoles. La porte s’ouvre sur l’Atelier marilien avec un tintement de clochette. À l’intérieur, des gravures animalières, des bijoux, un présentoir à cartes postales et un support à vêtements ornés d’impressions, semblables aux gravures, offrent au regard un tout petit échantillon de l’imaginaire de Marilie Bilodeau. Elle se dit touche-à-tout, ne voulant pas se définir comme artiste avec précision. Derrière un rideau, on pénètre dans l’arrière-boutique feutrée d’une couturière. Discrètement, les haut-parleurs murmurent les chansons d’un album de Barbara. Au-dessus du masque qui couvre son visage, une passion un brin mélancolique se lit dans les yeux de Marilie.
Elle vibre à la chanson française. Elle a d’ailleurs produit un album qui s’en inspire. Elle adore aussi Pierre Lapointe. C’est une voluptueuse en mode mineur. Bien sûr, elle écrit. Mais c’est le verbe qu’elle préfère, animé par l’expression de l’émetteur, dictant la ligne mélodique, soumis à l’histoire jouée ou racontée. Elle chante, elle anime, elle slame. Marilie est une fille de scène. Elle a appris ça très jeune. Ce qu’elle a retenu de ses performances en patin artistique, c’est le spectacle. À peine aborde-t-elle la création d’une chanson qu’elle se projette déjà dans la peau du personnage de scène.
Jadis, pour cette Pistoloise, il y avait deux moments merveilleux dans l’année : Noël et les vacances d’été, alors que les natifs revenaient et se retrouvaient comme animateurs à l’École de langue. Depuis, revenue chez elle après des années d’études et de voyages, comme bien d’autres, l’attachement et le plaisir se sont installés à l’année. Avec un point culminant toutefois : le Rendez-vous des Grandes Gueules à l’Action de grâce. C’est d’ailleurs à ce dernier événement qu’elle nous convie presque impérativement. Quatre jours d’un festival qu’elle anime depuis quelques années. Une grande fête du conte qui rassemble des artistes du monde entier depuis 25 ans dans la vieille Forge à Bérubé où tout est resté intact, où le temps s’est arrêté depuis le départ de son propriétaire
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« Même les toiles d’araignées sont patrimoniales! » Ce fameux terroir qui ancre souvent le conte québécois est joyeusement délesté à l’écoute des histoires complètement éclatées venues d’ailleurs. Et puis durant le jour, il y a les randonnées des conteurs : dans le parc du Bic, le long de la rivière Trois-Pistoles, dans une forêt enchantée à Saint-Mathieu-de-Rioux. « Tu mets ta p’tite laine » et tu laisses le récit mener ton imagination, la plus enracinée et pourtant, la plus réceptive. L’automne, ses odeurs, les histoires, la pluie sur la tôle de la vieille forge. Le Rendez-vous des Grandes Gueules est une expérience multisensorielle.
Encore en quête d’histoires? Va faire un tour au quai de Trois-Pistoles! N’importe quand dans l’année, tu y rencontreras du monde. Marilie se rappelle les pêches à l’éperlan où le quai se transforme en podium où défile un cortège de personnages de toutes sortes. Elle compte bien y initier sa fille. Ces gens généreux qui aiment vivre en société seront même curieux de tes propres histoires!
Il y a aussi l’incontournable église Notre-Dame-des-Neiges avec son profil néo-byzantin, témoin unique de cette folie des grandeurs motivée par la foi. Outre son arrogance, elle est ornée des œuvres des plus grands artisans québécois de la fin du 19e siècle.
Les jours de chaleur, tu pourrais aussi aller conter fleurette à la personne de ton choix après un détour à la cantine D’Amours pour un pique-nique à la grève Morency. Dans l’après-midi, à marée montante, alors que le soleil a plombé sur le gravier de l’estran, l’eau du fleuve invite à la baignade