Menu
Joaillière, sculpteure, et surtout alchimiste
Par Nathalie Le Coz
Petite rue en plein centre-ville de Rimouski. Les goélands sont toujours là pour nous rappeler qu’on est dans un port de mer. Par devant, la maison est entièrement cachée dans une végétation dense. Par derrière, elle s’ouvre sur le vague stationnement d’un immeuble à logements de cinq étages. Ville de contrastes …
Josée Desjardins, joaillière, y vit elle-même un moment de transition. Du petit objet portable, elle va de plus en plus vers la sculpture. « À mon grand calvaire! » dit-elle avec des yeux pétillants. Car, par définition et par métier, c’est une minutieuse. Mais, quelque part, la démarche est similaire. Dans sa série « Bijoux d’une voyageuse », elle partait d’un objet rapporté d’un pays d’Europe, de l’Inde, qu’elle avait traversé. En sculpture, elle déconstruit des objets.
Comme la chaise berçante de feu sa mère, qui prend une forme évoquant peut-être une croix, ou un perchoir. Sans ce geste, elle n’aurait jamais su se départir de cet objet. Ce faisant, elle le ritualise. De même, le bijou dont s’ornait déjà l’homme des cavernes, était obligatoirement associé à un rituel. Celui-ci est le marqueur d’un événement où des êtres sociaux sont en relation. L’objet en est la matérialisation, le témoin. Et ce qui passionne Josée Desjardins, ce sont les relations qu’elle établit avec d’autres lors de la création.
Un jour, une lointaine amie d’une copine, de passage chez elle, lui dit que son chum venait de la laisser pour sa meilleure amie et qu’elle ressentait le besoin de changer son alliance. « Tu sais que je suis joaillière? », lui répond-elle. À la cave, où est installé son atelier, elle lui a montré comment faire : couper, fondre, marteler, réassembler. Art thérapie, art relationnel, enseignement, rencontre : voilà ce fait vibrer la joaillière sculpteure. Elle a par ailleurs accompagné régulièrement des instants relationnels plus heureux. Des couples sont venus lui parler de leur projet d’union pour inspirer la création d’alliances totalement originales. À l’occasion, elle les accompagne dans la conception de leurs propres alliances.
Josée Desjardins, dont la famille est de Mont-Joli, a vécu longtemps ailleurs, notamment en Estrie. De retour depuis plusieurs années au Bas-Saint-Laurent, elle est comblée et impressionnée par la vitalité du milieu culturel de Rimouski. C’est un foyer ardent du slam, de musiques expérimentales et improvisées, de performeurs, de vidéastes, d’artistes et d’artisans. Si petite soit-elle, la communauté artistique rimouskoise a du chien. Peut-être est-ce dû à son éloignement des grands centres? Au fait qu’elle doive se serrer les coudes pour s’épanouir? Peu importe. Josée Desjardins invite les visiteurs à s’abreuver à cette vie culturelle. Un stop au centre d’artistes Caravansérail s’impose. Et, bien sûr, il y a le Musée de Rimouski qui s’intéresse à l’art contemporain, à l’histoire régionale et aux sciences.
Rimouski